lundi 5 mai 2014

P'tite pause au monde


" Enfant, chez ma grand-mère, je faisais des kilomètres en bord de Marne pour pêcher, seul. Je finissais par connaître chaque trou, dans un parcours très précis, comme un rituel. C'est ce qui a inspiré tous mes voyages… Chaque fois que je marchais, en Inde ou au Nicaragua, je me disais que le panorama, la colline, le bosquet au bout de la route cachaient quelque chose que je voulais découvrir. Je renouais avec ce que j'avais connu enfant. J'étais tellement heureux, même quand j'étais triste, ce n'est pas incompatible.

S'il n'y a pas de violence physique, on peut se sentir très bien, même avec l'impression d'être mal fagoté, d'être un paria. Chez ma grand-mère, c'était la liberté absolue. On ne me menaçait de rien. On aimerait que tous les enfants connaissent la même quiétude aujourd'hui, la même compréhension. Il n'y avait pas cette course à la culture, à la réussite, à la performance. Cette surveillance constante… Peut-être étais-je dans une bulle ? Je considère comme un privilège d'être né avec ce souci de ne rien vouloir changer. De rendre le monde, à ma mesure et dans les limites de mes possibilités, immuable"
Et puis ceci aussi: "C'est le grand mal de l'époque, cette transparence idiote. Le monde était bien plus beau quand les choses n'étaient pas dites, et que chacun était libre de subodorer, de supposer, d'interpréter, avec maladresse ou pas. Pour, devenus adultes, se confronter sur la pointe des pieds avec une subjective réalité".  Gérard Manset dans Télérama.
À propos des voyages et de (mon) enfance, je ne saurais dire mieux que ces paroles de Manset.

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