mardi 31 décembre 2013

Un fabuleux projet: Vozes de Nos


Pour terminer l’année 2013, voici la traduction française d’un texte de présentation écrit pour le volume 2 des livres Vozes de Nos (2 volumes publiés par l’ONG portugaise ACEP). Pour plus d’information, visiter le lien ici.
"En écrivant ce court texte, je me suis remémoré certains moments passés avec les enfants de six pays différents depuis maintenant deux ans. C’est peu dire que j’ai eu un plaisir immense à animer ces ateliers. Je pense que c’était un plaisir partagé et que la majorité des enfants a adoré apprendre quelque chose en ma compagnie. Je leur ai donné assez peu finalement, faute de temps, mais, en retour, j’ai reçu énormément. 
Je ne suis pas un spécialiste en « enfants », je n’ai pas de diplôme sur le sujet. Certes, je suis papa quatre fois, et j’ai eu la chance d’être enfant dans une Bretagne sauvage, ouvert au Monde par une grand-mère et quelques autres paysans aimants, mais cela ne me donne aucun titre qui puisse justifier à vos yeux que ce que je dis sur les enfants à de la valeur. Alors quoi ? Disons qu’au rayon de la Recréation je m’y entends. C’est un langage que je n’ai heureusement jamais perdu et que les enfants comprennent très bien. C’est dans la recréation que l’on peut s’inventer, se re-inventer et continuer à rêver d’avenir.
On dit des enfants que ce sont des petits d’homme. Certes. Ils ont tout ce qu’il faut pour explorer et sentir le monde, un nez, une bouche, deux yeux, deux oreilles, etc. Mais ils ne sont pas encore des hommes. Un enfant devine plus qu’il ne comprend, mais il communique de toutes les façons. Peu sont ceux qui les comprennent vraiment. On peut ne pas les comprendre tout à fait. Mais on se doit de les respecter, de les protéger et de les aimer.
Je n’ai malheureusement pas mémorisé tous les noms des enfants qui ont participé aux ateliers, mais je leur suis reconnaissant d’avoir dessiné, animé par leurs jeux et leurs rires ces ateliers. Lorsque j’en commence un, je ne sais jamais qui vont être les participants. En allant a Dili, au Centre Miguel Magone, j’avais quelques appréhensions. C’est pourtant là, avec un groupe d’enfants dont certains avaient vécu des histoires terrifiantes, que j’ai passé un de mes meilleurs moments. De très réservé, ces enfants sont devenus au fil des jours, de plus en plus audacieux et c’est dans une grande de joie et un sérieux inimaginable qu’ils ont créé des dizaines d’images fabuleuses.
Les enfants adorent dessiner et ce pour des bonnes raisons : c’est un geste créatif nécessaire, expiatoire, thérapeutique. Dessiner c’est remettre de la poésie là où il n’y a plus d’espoir. C’est remplacer un cul-de-sac par une porte d’issue.
Je ne suis pas religieux pour un sou et je suis toujours étonné de voir mes contemporains invoquer Dieu à tout bout de champ, sans jamais évoquer la notion de Sacré. Gagner un peu plus d’argent en faisant des coups tordus semble une entreprise plus importante. Dans ce schéma, un enfant peut devenir utilitaire. Et pour qu’il le soit, on lui refuse sa qualité d’enfant. On le désacralise. Le sacré est une dimension oubliée. Pourtant, tout devrait être sacré et considéré. Les enfants sont respectables et vénérables. On devrait surtout ne jamais ne pas l’oublier.  
Que ce soit a Dili, à Maputo ou à Praia, j’ai remarqué que les enfants, malgré parfois des conditions de vie minimales, aiment le lieu où ils vivent à partir du moment où ils se sentent protégés et entourés. Pour eux, le vrai bonheur, c’est d’être aimé par leurs parents, leur famille. Quand la maison faisait défaut, et plus particulièrement l’école, alors l’impact des centres, comme celui de Polana Caniço à Maputo, ou celui de Tira-Chapeù à Praia, devenait extrêmement important. À défaut d’école, les enfants aiment se retrouver dans un lieu qui leur soit entièrement dédié, un lieu où ils nouent des amitiés, apprennent quelque chose, et surtout rêve à autre chose. Un lieu où ils peuvent être des enfants, simplement.
Dans le temps de l’enfance, il n’y a pas de temps à perdre. C’est un temps court. Et c’est notre responsabilité, à nous adultes, de leur donner ce dont ils ont besoin avant qu’ils ne deviennent à leur tour des adultes.
Pour terminer, je voudrais saluer, sans les nommer tant ils sont nombreux, tous les acteurs de l’ombre et tous les participants qui ont permis que ce projet voir le jour et se concrétise. Ce fut un fabuleux projet. Médecins du Monde est très renommé, mais je me dis qu’après tout, lancer Illustration du Monde ne serait pas une si mauvaise idée. Les images dessinées par les enfants sont autant de reportages sur l’état du Monde et autant de rêves qu’il nous reste à réaliser sur cette Terre, notre maison à tous".
Kenya avec ses amies da Matola, Maputo.

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