mardi 31 décembre 2013

Nouvelle année - New year

En route pour 2014, sans peur et sans reproche! 
Vamos lá então para 2014, sem medo e sem receio.
2014: Ready to hit the road? Then, let's go!
Avec, pourquoi pas, du Gérard Manset dans le casque
"Y a une route. C'est mieux que rien.
Sous tes semelles c'est dur et ça tient"
Images taken in Alentejo, Portugal, August 2013

Un fabuleux projet: Vozes de Nos


Pour terminer l’année 2013, voici la traduction française d’un texte de présentation écrit pour le volume 2 des livres Vozes de Nos (2 volumes publiés par l’ONG portugaise ACEP). Pour plus d’information, visiter le lien ici.
"En écrivant ce court texte, je me suis remémoré certains moments passés avec les enfants de six pays différents depuis maintenant deux ans. C’est peu dire que j’ai eu un plaisir immense à animer ces ateliers. Je pense que c’était un plaisir partagé et que la majorité des enfants a adoré apprendre quelque chose en ma compagnie. Je leur ai donné assez peu finalement, faute de temps, mais, en retour, j’ai reçu énormément. 
Je ne suis pas un spécialiste en « enfants », je n’ai pas de diplôme sur le sujet. Certes, je suis papa quatre fois, et j’ai eu la chance d’être enfant dans une Bretagne sauvage, ouvert au Monde par une grand-mère et quelques autres paysans aimants, mais cela ne me donne aucun titre qui puisse justifier à vos yeux que ce que je dis sur les enfants à de la valeur. Alors quoi ? Disons qu’au rayon de la Recréation je m’y entends. C’est un langage que je n’ai heureusement jamais perdu et que les enfants comprennent très bien. C’est dans la recréation que l’on peut s’inventer, se re-inventer et continuer à rêver d’avenir.
On dit des enfants que ce sont des petits d’homme. Certes. Ils ont tout ce qu’il faut pour explorer et sentir le monde, un nez, une bouche, deux yeux, deux oreilles, etc. Mais ils ne sont pas encore des hommes. Un enfant devine plus qu’il ne comprend, mais il communique de toutes les façons. Peu sont ceux qui les comprennent vraiment. On peut ne pas les comprendre tout à fait. Mais on se doit de les respecter, de les protéger et de les aimer.
Je n’ai malheureusement pas mémorisé tous les noms des enfants qui ont participé aux ateliers, mais je leur suis reconnaissant d’avoir dessiné, animé par leurs jeux et leurs rires ces ateliers. Lorsque j’en commence un, je ne sais jamais qui vont être les participants. En allant a Dili, au Centre Miguel Magone, j’avais quelques appréhensions. C’est pourtant là, avec un groupe d’enfants dont certains avaient vécu des histoires terrifiantes, que j’ai passé un de mes meilleurs moments. De très réservé, ces enfants sont devenus au fil des jours, de plus en plus audacieux et c’est dans une grande de joie et un sérieux inimaginable qu’ils ont créé des dizaines d’images fabuleuses.
Les enfants adorent dessiner et ce pour des bonnes raisons : c’est un geste créatif nécessaire, expiatoire, thérapeutique. Dessiner c’est remettre de la poésie là où il n’y a plus d’espoir. C’est remplacer un cul-de-sac par une porte d’issue.
Je ne suis pas religieux pour un sou et je suis toujours étonné de voir mes contemporains invoquer Dieu à tout bout de champ, sans jamais évoquer la notion de Sacré. Gagner un peu plus d’argent en faisant des coups tordus semble une entreprise plus importante. Dans ce schéma, un enfant peut devenir utilitaire. Et pour qu’il le soit, on lui refuse sa qualité d’enfant. On le désacralise. Le sacré est une dimension oubliée. Pourtant, tout devrait être sacré et considéré. Les enfants sont respectables et vénérables. On devrait surtout ne jamais ne pas l’oublier.  
Que ce soit a Dili, à Maputo ou à Praia, j’ai remarqué que les enfants, malgré parfois des conditions de vie minimales, aiment le lieu où ils vivent à partir du moment où ils se sentent protégés et entourés. Pour eux, le vrai bonheur, c’est d’être aimé par leurs parents, leur famille. Quand la maison faisait défaut, et plus particulièrement l’école, alors l’impact des centres, comme celui de Polana Caniço à Maputo, ou celui de Tira-Chapeù à Praia, devenait extrêmement important. À défaut d’école, les enfants aiment se retrouver dans un lieu qui leur soit entièrement dédié, un lieu où ils nouent des amitiés, apprennent quelque chose, et surtout rêve à autre chose. Un lieu où ils peuvent être des enfants, simplement.
Dans le temps de l’enfance, il n’y a pas de temps à perdre. C’est un temps court. Et c’est notre responsabilité, à nous adultes, de leur donner ce dont ils ont besoin avant qu’ils ne deviennent à leur tour des adultes.
Pour terminer, je voudrais saluer, sans les nommer tant ils sont nombreux, tous les acteurs de l’ombre et tous les participants qui ont permis que ce projet voir le jour et se concrétise. Ce fut un fabuleux projet. Médecins du Monde est très renommé, mais je me dis qu’après tout, lancer Illustration du Monde ne serait pas une si mauvaise idée. Les images dessinées par les enfants sont autant de reportages sur l’état du Monde et autant de rêves qu’il nous reste à réaliser sur cette Terre, notre maison à tous".
Kenya avec ses amies da Matola, Maputo.

dimanche 22 décembre 2013

Le garçon du vieux manguier

Extrait d'un court récit dédié à tous les garçons qui attendent que leur papa reviennent à la maison.

"Un jeune garçon s’était installé dans les hautes branches d’un manguier.


Il ne voulait plus aller à l’école.
Il ne voulait plus retourner à la maison.
Il ne voulait plus jouer avec ses amis.
Son désir était simple :
Il voulait  être là, dans les branches hautes de ce manguier.

C’était un très vieux manguier. Plus personne ne se  souvenait pourquoi et qui l’avait planté là, au croisement de deux allées sableuses de ce quartier populaire.
Au fil du temps, il s’était garni d’une luxuriante ramure et à chaque saison jaillissait des centaines de grosses mangues dont la saveur était unanimement partagée.
Certaines années cependant, il ne pleuvait pas, ou pas assez, le manguier laissait tomber alors ses fruits les uns après les autres, tous verts, pour n’en garder que quelques uns. Mais, quand bien même le sol était sec, lui qui avait depuis longtemps déjà plonger ses racines dans les profondeurs de la terre où se tenait encore un peu de fraicheur, produisait toujours sa petite dizaine de mangues pour Cacilda, la délicate voisine, et les voraces petits écoliers de passage.
Jour après jour, le jeune garçon, bien calé dans la fourche d’une branche, voyait grossir ces mangues et il attendait patiemment qu’elles soient bien mûres et juteuses pour en cueillir une.

Pour l’instant, et sans rien d’autre à faire, il pouvait observer :
La salle de bain sans toit de Dame Cacilda, où un grand lézard à tête bleue arpentant les murs, se faisait gardien silencieux d’une cuvette et d’un gobelet en plastique.   
La maison de Monsieur Solitaire, qui n’avait que ses deux poules, Beige et Marron, pour lui tenir compagnie.
Les maisons des familles Batuque qui se couchait en fanfare pour se lever quelques heures plus tard et toujours en musique.
Plus loin encore, il voyait  la ligne de chemin de fer, la grande ville et au-delà, l’Océan Indien.
Un Océan qui le faisait rêver.
Non pas qu’il eut envie de le traverser mais, là-bas, au loin, il y avait quelque chose dont il avait vraiment besoin.
Mais ce n’était pas à lui de partir. Non. Le jeune garçon se devait de rester en haut du manguier, comme la vigie d’un bateau de pirates (...)" 
Histoire à suivre et à publier!
La salle de bain sans toit de Dame Cacilda avec le manguier en arrière plan.


A viagem de Djuku - Le voyage de Djoukou

Le récit « A viagem de Djuku » évoque le probleme d’identité que rencontre souvent les immigrés. Le récit est né de trois éléments: Le premier concerne le statut d'immigré que j'ai pu avoir au Portugal durant les trois premières années de mon séjour. Stigmatisé par un portugais déficient, je me suis senti hors cadre : plus moyen d’utiliser mes références, pas encore prêt pour comprendre le monde lusophone. Le second venait d'une observation personnelle; j'avais remarqué que, dans les restaurants lisboètes, ont voyait souvent des mains de cuisinières africaines s'agiter dans l'ouverture qui sépare les cuisines des salles où se tiennent les clients. Par l’ouverture les visages étaient presque toujours escamotés. Et puis, un jour, déjeunant avec des amis(es) au Poeta, un restaurant situé sur les hauteurs de l’Achada de Santo Antonio à Praia, Cap-Vert,  je dessine un croquis de femme avec une guitare au milieu du corps. Subitement, les trois éléments précités se nouent entre eux, font sens et me donnent l'idée d’un récit. Quelques mois plus tard, l'histoire de Djuku était sur le bureau de José Oliveira, le responsable du secteur Jeunesse aux éditions Caminho. José accepta l'histoire sans amendement aucun. Éric Lambé, mon ami depuis mes années Bruxelloises, illustra l'histoire de Djuku. Ci-dessous, sa proposition de couverture en version française. Djuku, une amie de Guinée Bissau, à qui le livre est dédié, mis l’empreinte de sa main sur les pages de garde.
Comme cette singulière histoire est libre de droit, Djuku remercie par avance tout  éditeur qui aimerait prolonger son aventure. Faites nous signe !

mardi 3 décembre 2013

Pour mes enfants - For my kids

Quelque part en Bretagne, sur le bord d’une piscine de mer.
Une petite fille qui ne voulait pas dormir est debout et rêve en regardant les vagues.

Elle prend une poignée de sable et le jette sur la surface de l’eau.

Un petit bateau a voile qui ne voulait pas rester au port se mit en route.


Le premier capitaine jura ses grands dieux qu’il voulait rester caboter en Bretagne ou alors filer vers Sao Tomé et Principe. 

Le second affirma qu’ils iraient à Maputo au Mozambique ou à Tarrafal au Cap-Vert.

Mais la petite fille rêva d’un autre bateau, un transporteur de cartes d’amour, et les trois capitaines durent s’asseoir sur un strapontin pour laisser place à une autre histoire.


Comme il avait la gorge sèche, le capitaine du nouveau bateau suggéra d’aller boire un coup à  Lisbonne, car il avait là-bas de vieux amis, quelques démons et un peu de pognon dans une bouteille cachée dans un muret de l’Avenida Dona Estefânia.

A Lisbonne, les capitaines du bateau à voile et celui du transporteur rencontrèrent deux enfants sur le quai de Cacilhas, dont la petite fille qui ne voulait pas dormir et qui rêvait en regardant les vagues. Elle était avec son frère, un coquin de première. Ils allaient chemin faisant pour aller faire un gros bisou à leur grande soeur, fan de Kung-Fu et à leur petit frère, un tenace qui ne tenait en place qu’accrocher à son biberon de lait. Ceux-ci n’allaient pas tarder.
Il sera bien temps alors de décider où ils iraient casser la croute. Mais ceci est une autre histoire…